Terrasses

ou Notre long baiser si longtemps retardé
de Laurent Gaudé
mise en voix de Vincent Poirier
création 2025

tout public
durée : 45 minutes

note d’intention

Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles s’apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s’autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire danser, laisser le temps au temps. Rien n’annonce encore l’horreur imminente.

Tous, nous nous souvenons de ce que nous faisions ce soir-là. Partout en France et dans le monde, l’horreur des attentats parisiens vont retentir et résonner partout, avec fracas. On frisonne encore de terreur lorsque l’on songe à cette nuit funeste.

Je suis à Coutances ce vendredi soir. C’est soir de match au stade de France. La France rencontre la Mannschaft, en amical. Je suis metteur en scène de la compagnie Dodeka, et ce soir-là, notre dernier spectacle L’empereur c’est moi ! joue à Troyes. C’est la première fois depuis sa création que je fais faux bond à la tournée. Retour au match. C’est la deuxième mi-temps, je suis encore devant ma télé. La France domine. Le défenseur Patrice Evra déborde à vive allure sur l’aile gauche. Il stoppe subitement sa course, relève la tête et suspend son geste. Il semble étonné par la détonation d’un pétard très puissant…
C’est ce « fumigène » qui va attirer mon attention, jusque là assez distraite. Une étrange sensation, inhabituelle, se dégage de cette détonation brutale. La suite nous racontera que cette étrange déflagration n’était autre qu’une bombe humaine déclenchée aux abords du stade. Une nuit d’horreur s’ouvre alors sur la ville de Paris…

Laurent Gaudé, auteur prolifique de romans et de pièces de théâtres, signe, avec Terrasses, un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés au coeur d’une nuit déchirée par l’impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli. 

Il me semble précieux de retrouver les fantômes de cette nuit tragique, dix ans après, en livrant les paroles de victimes, de témoins, de badauds, de secouristes, de médecins, des infirmières des hôpitaux de Paris, de pompiers, de policiers, de parents, d’amants…

Pendant une petite heure, accompagné de pulsations et de vibrations sonores, je lirai et dirai la langue incandescente et tellement émouvante de Laurent Gaudé. Une petite heure pour être ensemble et partager le souvenir si triste de cette nuit d’attentats.

« Toi, oui. L’autre, pas. Le Hasard a pris possession des rues. C’est lui qui décide. » (p. 35)

distribution
texte . Laurent Gaudé
lecture . Vincent Poirier
musique . Johan Saint
production et diffusion . Lisa Coulon (06 87 71 17 74)
partenaires . production en cours

pédagogie
« Je ne sais rien de vous. Ni votre nom. Ni votre âge. Je ne connais pas votre visage. Je sais juste qu’à cet instant, vous faites irruption dans notre long supplice et que vous tirez. » (p. 75)
Les attentats à Paris, en 2015, nous ont tous sidérés. Nous avions eu besoin d’échanges réguliers pour comprendre l’ampleur du cataclysme. En soutien à Terrasses, il est important de créer des échanges avec les jeunes spectateurs, et de proposer, en amont de la représentation, une séance d’atelier d’écriture et de mise en voix, de deux heures minimum, pour décrire et dire l’impact de ces actes barbares. Comment, dix ans après, la jeune génération parvient à mettre des mots sur ces attaques terroristes. Mettre en voix des prises de paroles fortes et précieuses, et verbaliser ce souvenir traumatique qui peut, malheureusement à tout moment, surgir à nouveau dans nos quotidiens.

calendrier de tournée
13 novembre 2025 . bibliothèque de Coutances (50)
20 novembre 2025 . collège de Montmartin-sur-Mer (50)
22 novembre 2025 . bibliothèque Alexis de Tocqueville, Caen (14)
28 novembre 2025 . bibliothèque de Noues-de-Sienne (14)